Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/452

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
443
CHAPITRE QUINZIÈME

quis de Cavour et le comte de Thun, attaché à la légation d’Autriche. Pendant que nous étions occupés à regarder danser, la duchesse de Gênes se présenta derrière nous à l’embrasure de la porte et me dit : « Vous ne dansez pas ce soir ? » Puis au lieu d’entrer dans la salle de bal, elle s’arrêta près de moi et s’amusa à faire des remarques, toujours spirituelles, souvent malicieuses, sur quelques-uns des danseurs. Son attention fut attirée sur un des jeunes élégants de la cour ; elle me dit : « Voyez comme il se croit beau, comme il danse d’une manière peu convenable. C’est vraiment le mauvais genre français. » Je m’inclinai et je dis en souriant : « Je vous remercie beaucoup, madame. « Elle voulut alors réparer ce que ses paroles avaient pu avoir de désagréable pour moi, et elle reprit : « Oui, c’est l’exagération du bien. » Ce qu’il y avait de piquant, c’est que le danseur ainsi maltraité était alors fiancé, et que son futur beau-père, qui portait un des plus grands noms du Piémont, bloqué d’un côté par le tourbillon des dames, de l’autre par la princesse qui occupait l’embrasure de la porte, ne pouvait bouger et était obligé d’entendre les réflexions peu flatteuses que la duchesse faisait sur son gendre.

À propos du budget du ministère des affaires étrangères M. d’Azeglio prononça un important