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MES SOUVENIRS

le plateau à la reine qui, comme c’était l’usage, refusa, puis à la duchesse de Gênes qui s’empara bravement d’une glace. Aussitôt toutes les dames se levèrent, ce qui causa à la duchesse un visible étonnement. Elle se pencha vers Mme de Redern, femme du ministre de Prusse, qui était derrière elle et elle lui demanda la cause de ce mouvement extraordinaire. Mme de Redern lui expliqua que l’étiquette le voulait ainsi. La jeune princesse se tourna alors vers la reine qui riait de bon cœur de l’embarras de sa belle-sœur ; celle-ci lui reprocha doucement de ne pas l’avoir prévenue. Cependant elle continuait à prendre la glace ; il était facile de voir qu’elle avait hâte de la finir afin que les dames pussent se rasseoir. Ce fut sans doute la dernière glace qu’elle prit ainsi en public.

La maison du duc de Gênes était une des plus agréables de Turin. Il donna le 5 février un troisième bal auquel assista Victor-Emmanuel avec qui j’eus un assez long entretien. Il était ce soir-là par hasard en veine de galanterie. Il dit devant moi à la marquise Doria qui lui demandait de donner encore un bal : « Eh bien ! je le donnerai, madame ; je commande à mes peuples, et je vous obéis. » Comme le roi venait de me quitter, je m’approchai du salon où l’on dansait le cotillon. Je trouvai à l’entrée le mar-