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MES SOUVENIRS

cée d’un jour sur le désir de la reine, le 22 étant le jour anniversaire de la mort de sa sœur. Cette princesse avait été fiancée au prince Eugène de Savoie-Carignan qui en était vraiment épris et qui fut désespéré de sa mort. On crut qu’il en ferait une maladie, et il resta longtemps dans un profond abattement. À ce bal, j’eus l’honneur de danser avec la duchesse de Gênes, en vis-à-vis avec le duc. Je la remerciai de l’honneur qu’elle m’avait fait de m’inviter à danser avec elle, et je lui dis que c’était la première contredanse que j’avais l’honneur de danser avec une princesse depuis un bal des Tuileries où j’avais été aussi engagé à danser par la duchesse d’Aumale, « C’est une princesse de Naples, répondit la duchesse de Gênes : on dit qu’elle est pleine d’esprit. — Pleine d’esprit et de bonté, répliquai-je. J’en ai eu la preuve à Naples, à un bal donné par le comte de Syracuse. Elle me fit engager à valser. J’avais dix-neuf ans : c’était une des premières valses que je dansais de ma vie. La jeune princesse portait une robe garnie de dentelles ; en dansant je mis le pied sur la garniture qui tomba en lambeaux. Voyant mon embarras, elle me dit : « Mais ne croyez pas que ce soit vous, c’est moi qui viens de faire cette maladresse. » — « Cela est tout simple, reprit la duchesse de Gênes. Les personnes qui nous approchent se