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CHAPITRE QUINZIÈME

Victor-Emmanuel avait d’ailleurs beaucoup d’autres liaisons et un grand nombre de bâtards auxquels il donnait de l’argent ou des fermes. Un jour, Rosine ayant rencontré la reine mère Marie-Thérèse dans un sentier de la colline eut la hardiesse de dire à ses enfants assez haut pour être entendue de la mère du roi : « Voyez, mes enfants, c’est là votre grand’mère. » Un autre jour, à Stupinis, la reine mère en se promenant dans le parterre du château, voyant son fils Victor parler du balcon de son appartement du rez-de-chaussée à une jeune femme très bien mise, s’approcha d’elle et, la prenant pour sa belle-fille, la toucha de la main en l’appelant de son nom : Adèle. Le roi consterné se recula et referma la croisée, laissant sa noble mère face à face avec Rosine. La reine mère resta tellement troublée de cette rencontre qu’elle en fut souffrante pendant plusieurs jours. Elle était très pieuse et faisait dire chaque matin une messe en l’honneur de sainte Monique, pour obtenir la grâce de la conversion de son fils, cette sainte ayant obtenu la conversion de saint Augustin qui avait été, lui aussi, un grand pécheur.

Quinze jours après, le 21 janvier 1851, date assez singulièrement choisie puisque c’était celle de l’anniversaire de la mort du roi Louis XVI, le duc de Gênes donna un second bal. Cette fête avait été avan-