CHAPITRE XV
Le gouvernement français redoutait vivement les conséquences que pouvaient avoir en Italie les désaccords et les divisions des États de l’Allemagne. L’opinion publique en Piémont s’en préoccupait beaucoup. Il en résultait une certaine fermentation dans les esprits, la population manifestant sa joie toutes les fois qu’il surgissait quelque chance de guerre et supportant avec peine le rétablissement de la paix. Je vis à ce sujet M. d’Azeglio et je lui demandai ce qu’il ferait dans le cas où la guerre éclaterait en Allemagne. Il me répondit qu’il garderait une stricte neutralité entre les parties belligérantes, qu’ayant signé le traité de paix avec l’Autriche, il s’estimait engagé d’honneur à ne pas le rompre et qu’il ferait tout ce qui dépendrait de lui pour le faire respecter. Il ajouta que le Piémont avait besoin de la paix pour mettre ordre à ses finances et établir sur des bases solides ses nouvelles institutions.