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MES SOUVENIRS

« Or, dans cette question du différend avec Rome, elle s’est manifestée de la manière la plus explicite. Je vous ai déjà dit combien j’avais eu de peine à modérer le langage de la presse, mais il n’était pas en mon pouvoir d’exercer la même action sur les Chambres. Vous savez tout aussi bien que moi combien le gouvernement est sans cesse excité à trancher promptement de sa propre autorité les questions qui concernent les intérêts matériels du clergé piémontais. Dernièrement encore la discussion du budget des frais du culte a fourni à plusieurs députés l’occasion de demander, pour la dixième fois peut-être, sinon l’aliénation des biens de l’Église, du moins leur prompte répartition. Vous vous rappelez comment le gouvernement y a toujours résisté et a renvoyé cette question à une autre époque. Tout cela prouve combien il serait dangereux d’agir avec précipitation. À quoi servirait, je vous le demande, le meilleur arrangement si l’opinion y était contraire ?

« C’est pour cela que, tandis que d’un côté je m’efforce de ramener les partis en Piémont à des sentiments de modération, de l’autre je m’étudie à être agréable à la cour de Rome, car, je vous le répète, c’est à force de prévenances, à force de politesse dans les formes que j’espère me rapprocher