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MES SOUVENIRS

« Vous voyez donc bien que j’use des plus grands ménagements envers le gouvernement romain, que je tâche de me montrer animé des sentiments les plus bienveillants à son égard. J’espère de cette manière dissiper peu à peu les préventions contraires qu’il nourrit contre nous et qui sont le principal obstacle à tout accommodement. Je suis tout à fait de votre avis qu’il est essentiel pour nous de renouer le plus tôt possible les négociations avec Rome. C’est mon vœu le plus ardent. Mais, sans perdre de vue les questions qui en ont été le principal objet l’année dernière, je crois utile de ne pas les ramener immédiatement sur le tapis. Je commencerai par une nouvelle, celle de l’abolition des dîmes dans l’île de Sardaigne. Il y a dans cette partie des États du roi onze évêques pour une population de cinq cent mille âmes qui est fort pauvre et pour laquelle la dîme constitue une charge vraiment disproportionnée à ses forces, dans un moment surtout où les besoins du Trésor obligent d’augmenter tous les autres impôts et même d’en créer de nouveaux. Ce n’est certainement pas le gouvernement français qui défendra les dîmes, et il ne peut sans doute qu’approuver leur suppression. Mais, avant d’adopter cette mesure, je veux tâcher d’obtenir le consentement du Saint Père. Je vous dirai même que l’idée