Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/407

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
398
MES SOUVENIRS

Un personnage bien au courant du personnel diplomatique résumait la situation dans ces termes pleins de finesse : « Vos relations avec M. de B… seront charmantes à leur début ; la lune de miel sera douce, mais si vous aidez surtout à son succès, attendez-vous à ce qu’elle soit de courte durée… Si vous êtes sur son chemin, politiquement ou socialement, il ne vous épargnera pas. »

En attendant l’arrivée du nouveau ministre, je fis un intérim de quelques semaines pendant lequel je fus chargé de demander au gouvernement sarde des échantillons de ses pains de munition. Le général de La Marmora, ministre de la guerre, s’empressa de m’en envoyer. Sa lettre officielle était apostillée par lui sur un ton de badinage qu’autorisaient nos relations personnelles.

« Turin, ce 18 décembre 1850.
À Monsieur de Reiset, chargé d’affaires de la République française près la Cour de S. M. le roi de Sardaigne.
« Mon cher Reiset,

« Je m’empresse de vous envoyer, selon vos désirs, deux pains de munition que reçoivent les troupes de la garnison de Turin, où, à dater du 1er du mois de novembre passé, nous avons introduit comme essais