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CHAPITRE QUATORZIÈME

« Je ne retourne pas à Turin. N’accusez pas, mon cher ami, ma négligence, ma paresse, ma timidité, toutes ces choses que votre amitié m’a si souvent, et peut-être si justement reprochées. Mon successeur était nommé avant mon arrivée, avant votre propre séjour à Paris. Je n’avais donc rien à faire. Ni M. de La Hitte ni le président ne m’en ont dit un mot lorsque je les ai vus. C’est M. His de Butenval qui avant-hier, à l’Élysée, est venu me demander un rendez-vous pour m’entretenir des choses du Piémont où il allait me remplacer. Il est pressé de jouir et va partir prochainement. Ainsi, mon cher Reiset, je perds deux espoirs que j’avais et que je vous communiquais avec une confiance si bonasse dans ma dernière lettre. Non seulement je ne suis pas maintenu, mais encore on se hâte de vous envoyer un ministre qui va couper court à tous nos beaux projets sur votre gestion dans laquelle vous vous seriez distingué et qui vous aurait valu de nouveaux titres au brillant avenir que vous préparez.

« J’ai parlé de vous à M. de B… comme du meilleur des secrétaires de légation et comme l’homme le plus charmant et le plus dévoué. Au moins verrez-vous arriver un chef qui aura, dès le début, pour vous les sentiments que vous m’avez inspirés. Je l’ai prémuni contre les mauvaises impressions qu’aurait