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MES SOUVENIRS

Cette division, forte de quatre mille cinq cents hommes, eût rendu les républicains maîtres absolus de la ville. Le gouvernement sarde voulut conjurer ce péril en envoyant cette division sur les frontières de Toscane. Les soldats renvoyèrent leurs officiers piémontais et tirèrent même sur eux, puis ils se débandèrent et désertèrent en masse. Lord Hardwick, commandant dans la rade de Gênes un vaisseau anglais de 80 canons, le Powerful, avait notifié à l’intendant général et au général de Azorta « qu’il les rendait responsables des dommages qui pourraient être causés à des sujets anglais », ajoutant que « dans le cas où le pouvoir viendrait à passer dans des mains qui ne présenteraient pas de responsabilité, il aviserait aux mesures qu’il croirait utile de prendre. »

Les Génois constituèrent un gouvernement provisoire composé du général de la garde nationale Avezzana, de M. Marchio, avocat, et du député Reta. Les autorités piémontaises ayant quitté la ville, ce gouvernement se transporta au palais ducal où il retint comme otages le général Ferretti ainsi que la femme et les trois filles du général de Azorta, annonçant qu’elles seraient mises à mort si le général faisait tirer un coup de fusil. Celui-ci paralysé par ces menaces quitta la ville avec la garnison. Le comte