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MES SOUVENIRS

Launay regardé comme ayant des tendances peu constitutionnelles et qui, comme gouverneur de Gènes, avait opposé aux révolutionnaires de cette ville une fermeté inébranlable. Victor-Emmanuel s’y refusa absolument disant que le gouvernement avait de grands devoirs à accomplir et qu’il avait besoin d’un homme énergique à sa tête.

À la première nouvelle du désastre de Novare les politiciens du parlement de Turin avaient pris peur. Un grand nombre de députés, et parmi eux le fougueux Brofferio, avaient quitté la ville ; le 25 mars la Chambre convoquée pour deux heures de l’après-midi ne se trouvait pas en nombre. Rassurée le lendemain par la nouvelle de l’armistice contre le danger d’une occupation de Turin par les Autrichiens, elle reprit courage et elle se livra aux dernières violences vis-à-vis du nouveau ministère. Cette fois elle était en nombre et les motions les plus folles se succédèrent. Les orateurs se montrèrent de nouveau intrépides, ardents, insultant les ministres, protestant contre l’armistice, le déclarant inconstitutionnel, sommant le gouvernement de reprendre la guerre dans un délai de dix jours. Un député, M. Viora, ayant dit que bien des illusions devaient être dissipées, faillit être écharpé. L’abdication de Charles-Albert fut contestée et une commission fat nommée pour en vérifier la réalité.