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CHAPITRE DOUZIÈME

cherchent à les mener. C’est ce qui me donne des craintes pour les élections prochaines, et cependant toute la question est là. »

Ce langage était tout un programme. L’avenir devait se charger d’apprendre à l’Italie et à l’Europe comment ce programme devait être exécuté. Le règne de Victor-Emmanuel II commençait.

Dès son avènement au trône, Victor-Emmanuel chargea un Savoisien, le général de Launay, bien connu pour sa fermeté et son dévouement à la monarchie, de former un cabinet. Le général s’adjoignit M. Pinelli, le distingué ministre de l’intérieur du cabinet d’août 1848, Gioberti, revenu de bien des illusions, de Margherita, syndic de la ville de Turin, M. Galvagno, avocat, ancien député, homme de beaucoup de mérite. Le général Morozzo della Rocca, chef de l’état-major de Victor-Emmanuel pendant la guerre, reçut le portefeuille de la guerre, et M. Nigra, riche banquier de la ville de Turin dont il avait été syndic, celui des finances. M. Nigra, un des hommes les plus honnêtes et les plus recommandables du Piémont, conservateur très courageux, n’avait rien de commun avec son homonyme, le comte Nigra, secrétaire de Cavour, diplomate fort distingué, qui a été sous l’empire ambassadeur à Paris. On avait tenté d’agir auprès du roi pour écarter le général de