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CHAPITRE ONZIÈME

di noi. Aprite, presto, se no guai a voi ! Le ton du concierge s’adoucit immédiatement. Après s’être laissé prier pendant quelques instants il ouvrit sa porte. Je pris congé de Victor-Emmanuel qui, en me disant au revoir, ajouta : « Je vous porterai bientôt ma dette de cinq francs. »

Je n’ai plus revu chez moi M. Martin. Mais Victor-Emmanuel m’autorisa, une fois pour toutes, à venir le voir aussi souvent que je le voudrais. J’allais au Palazzo Reale en faisant prévenir son valet de chambre de ma prochaine arrivée. Je montais par un escalier de service du palais de Turin situé au milieu de la galerie à droite dans la cour, et j’étais introduit en dehors de toutes les règles de l’étiquette. Victor-Emmanuel me recevait souvent en costume de chasse, quelquefois continuant à manger devant moi un poulet aux oignons qui était son plat favori.

Plusieurs fois j’ai réclamé en riant à Sa Majesté les cinq francs du concierge du général Dabormida, mais comme Elle n’avait jamais un sou dans sa poche, Elle ne me les a jamais rendus. Ce qui prouve qu’il ne faut jamais prêter d’argent à personne, pas même à un souverain !

Quelquefois je restais des heures entières à causer avec Victor-Emmanuel ; nous parlions de toutes