Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/328

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
319
CHAPITRE ONZIÈME

en Italie, car je ne veux point créer d’obstacles par ma présence. J’y ai laissé mon fils, et il fera, lui. »

Ces événements laissaient le duc de Savoie, qui avait tardé à être reconnu par les Chambres piémontaises et qui ne l’était pas encore par les cours étrangères, dans une situation très délicate. On ne savait pas si les grandes puissances admettraient le fait de l’abdication faite à la hâte par Charles-Albert, et il existait en Piémont des exaltés qui refusaient de se soumettre à la souveraineté de Victor-Emmanuel. Il avait pris vivement parti pour l’armée insultée par les révolutionnaires et on affectait de craindre qu’il ne se montrât pas aussi bon patriote italien que l’avait été son père.

On faisait remarquer d’ailleurs, non sans raison, qu’un message verbal apporté par un domestique ne pouvait, en matière aussi grave, justifier l’ouverture de la succession du trône. Les ministres n’avaient entre les mains aucun document écrit. Dans la journée du 25 mars les craintes étaient très vives pour la sécurité de Turin. Le ministère demanda à M. de Bois-le-Comte et à sir Ralph Abercromby d’intervenir auprès du maréchal Radetzki pour empêcher l’armée autrichienne d’entrer dans la ville. Avant tout il fallait savoir au nom de qui