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CHAPITRE ONZIÈME

grand éloignement seront adoucis si vous me conservez tous vos bons sentiments. »

« C. Albert. »


Le malheureux prince avait souffert moralement et physiquement tout ce qu’il est possible de souffrir au monde. Lorsqu’il fut au plus mal un bâtiment sarde portant le prince de Carignan arriva à Oporto. Charles-Albert espérait la visite de son fils de prédilection, le prince Ferdinand, duc de Gênes. Il lui avait fait préparer une petite chambre à côté de la sienne. Quand il vit ce dernier espoir déçu, son cœur se brisa. Aucune plainte ne sortit de ses lèvres, mais on vit sur son visage la plus amère douleur.

« Je ne verrai donc plus Ferdinand, » dit-il, et il fit ce dernier sacrifice à Dieu. Il mourut le 29 juillet 1849.

Il n’avait pas voulu que la reine le suivit dans son exil. En prenant congé d’elle pour la campagne de Novare il lui avait fait entrevoir la possibilité d’un départ définitif et il lui avait recommandé de ne pas quitter ses enfants. Elle lui avait en vain écrit pour le supplier de lui permettre de l’accompagner. Elle eût été heureuse, lui disait-elle, de le suivre au bout du monde, de partager toutes ses peines, de le consoler, de le soigner s’il tombait