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MES SOUVENIRS

arrivées étaient déjà découragées par le combat du 21 et plus encore par le manque de vivres. Novare était une tentation trop forte pour de jeunes soldats affamés, préférant leur repos et leur sûreté aux chances d’une bataille.

Entre Mortara et Novare, la position sur laquelle les Autrichiens devaient diriger leurs efforts était la Bicocca. Le matin du 23 mars, l’armée piémontaise réunie à Novare comprenait quarante-quatre mille hommes d’infanterie, trente-six escadrons de soixante-dix chevaux et quatorze batteries et demie, en tout cinquante mille hommes avec cent onze pièces d’artillerie.

Cinq corps d’armée autrichiens avaient passé le Tessin, soutenus par d’autres troupes, tous vieux soldats, pourvus d’une cavalerie nombreuse et de deux cent cinquante bouches à feu en quarante-deux ou quarante-trois batteries de six pièces. Le 23 mars, à neuf heures du matin, sous un ciel nébuleux et humide, Charles-Albert passa la revue de ses troupes sur son cheval de bataille, salué pour la dernière fois du cri de : Vive le roi ! Les divisions qui avaient combattu deux jours auparavant étaient fatiguées et tourmentées par la faim. Les autres en sentaient aussi les atteintes qui devaient être plus cruelles encore à la fin de la journée. L’état du ser-