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MES SOUVENIRS

wagon, m’invita à partager son déjeuner et me fit boire quelques gorgées de curaçao à son flacon de voyage. Je devais, seize ans plus tard, être accrédité comme ministre de France près de ce digne et excellent prince, aujourd’hui grand-duc de Luxembourg.

Les événements politiques et l’insurrection de Wiesbaden firent le sujet de notre conversation. À Berlin, l’on ne savait rien de ce qui se passait en France, et le marquis de Dalmatie parut fort surpris des nouvelles que je lui apportais. Ses prévisions furent des plus pessimistes : « Nous sommes en pleine révolution, me dit-il ; demain nous aurons de plus mauvaises nouvelles. Ils ne s’arrêteront pas là à Paris. »

Je trouvai à Berlin, comme premier secrétaire de l’ambassade, M. Humann, oncle de ma belle-sœur Juliette de Germiny, qui, malgré les tristes événements qui nous préoccupaient tant, me fit visiter les principaux édifices de Berlin, ainsi que le château de Potsdam Le roi régnant était alors Frédéric-Guillaume iv, fils de Frédéric-Guillaume iii et de la reine Louise. Il n’avait pas d’enfants de son mariage avec la princesse Élisabeth de Bavière. Son frère cadet, le futur empereur Guillaume, était appelé à lui succéder. Peu s’en est fallu que cette branche fût