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à de grands ménagements ; nous sommes en négociation pour un emprunt de cinquante millions, et il serait déjà conclu si nous avions un ministre des finances plus habile et plus actif. Il faut attendre que la Chambre l’ait voté et alors on pourra agir. Mais jusque-là il faut subir cette Chambre qui est mauvaise, ignorante, qui se paye de mots, qui ne comprend pas l’Europe et qui se laisse mener par des intrigants et des déclamateurs. M. Valerio a un grand empire sur elle parce qu’il l’a formée, et en ce moment il agit contre moi ; mais il est facile de faire comprendre aux députés qu’il a fait nommer en mon nom que si je les renvoyais, il est probable que, m’opposant à leur élection, ils ne reviendraient pas. Du reste, je sais que Valerio attend de nouvelles élections pour se prononcer et qu’il travaille à les faire tourner à son profit. Dans l’intervalle nous gagnons du temps, et c’est le seul ménagement que je consente à garder.

« Cependant je suis loin d’être rassuré : je sais qu’un vote peut me renverser et je le crains de cette Chambre ou plutôt je n’espère rien d’elle. Mais j’ai tout le public pour moi ; le roi me soutient, le parti conservateur tout entier comprend qu’il ne peut revenir au pouvoir et qu’il doit se rallier à moi pour défendre la monarchie. Tout le commerce, la garde