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MES SOUVENIRS

de Dieu à la tâche d’accomplir l’indépendance de l’Italie ; il en avait la conviction. C’est lui en effet qui a préparé les événements qui se sont produits sous le règne de son fils ; s’il avait vécu, il les aurait sans doute modifiés suivant des idées plus politiques et dans un esprit plus catholique.

Le roi Charles-Albert voulant l’unité de l’Italie en formant une confédération italienne dont le Pape eût été avec lui le chef, sa pensée était de ne toucher à aucun des États des princes d’Italie, mais de se faire roi d’Italie en agrandissant ses États de tout ce qui parlait italien en Autriche. Sa devise était : Dio la vuole. La patience, la ténacité, la résignation étaient les principales qualités du roi Charles-Albert. Sous une apparence de froideur, il cachait un cœur très aimant et qui savait souffrir sans jamais se plaindre. C’était un prince du moyen âge. Il pensait que Dieu l’avait appelé au trône pour régénérer l’Italie : c’était chez lui une idée fixe : chaque jour il marchait pas à pas à son but. Il aimait les devises qui peignaient sa pensée et sa situation : aussi avait-il pris celle-ci : J’attends mon astre. Il aurait pu aussi prendre cette devise : Aimer et souffrir. Personne n’a plus aimé que lui, personne n’a plus souffert que lui, sans jamais se plaindre. Non seulement le roi Victor-Emmanuel ne lui a jamais res-