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MES SOUVENIRS

de si graves événements. J’étais resté pendant deux jours continuellement auprès du roi, et là j’avais vu toute sa maison militaire. J’avais longuement causé avec Alphonse de la Marmora qui était alors à la tête des bersaglieri et qui dans ce même palais délivra le roi Charles-Albert des mains d’une troupe de forcenés qui voulaient le prendre comme otage. Les troupes piémontaises étaient vaincues ; il n’y avait plus qu’à capituler et à chercher à obtenir de l’Autriche les conditions les meilleures pour se retirer en Piémont. Le peuple de Milan s’était injustement soulevé contre le roi Charles-Albert, il criait à la trahison, faisait des barricades, et j’avais eu personnellement toutes les peines du monde à sortir du consulat de France pour rejoindre le roi. Le palais Greppi était rempli d’officiers qui sont devenus plus tard mes amis. Je trouvai là, entre autres, le marquis d’Aglié, gendre de la marquise de Boyl. La foule de soldats et d’officiers me laissèrent passage dans le grand escalier du palais Greppi et j’entrai chez le roi. Sa chambre était ouverte, comme tous les salons remplis de toutes sortes de gens appartenant à l’armée ou à la municipalité de Milan. Je rencontrai, entre autres le marquis d’Adda, qui avait épousé la princesse Pio, une des femmes les plus sympathiques de l’Italie.