lui-même s’efforça de les dissiper dans ses entretiens avec le roi et les ministres, sa mission étant tout honorifique et de courtoisie.
Les garanties du maintien de l’ordre données par Gioberti étaient mises à une dure épreuve par les faits. M. Buffa ne se décidait pas à fermer le cercle de Gênes. À Turin même une démonstration d’ouvriers brûlait sur la place publique un journal conservateur. Le ministre de l’intérieur, loin d’empêcher cette manifestation, l’accueillit avec faveur parce que ce journal était hostile à son parti, et de son balcon il haranguait les ouvriers. La Gazette officielle publiait un récit élogieux de cette démonstration en exagérant singulièrement son importance. Elle parlait de quatre mille manifestants tandis qu’il y en avait à peine trois cents.
Charles-Albert dont l’énergie n’était, pas à la hauteur de ses aspirations ambitieuses restait morne, isolé : il se préparait à la guerre sans illusions sur le résultat. Il prenait secrètement ses dispositions pour ne pas rentrer à Turin en cas d’échec. À la fin de janvier 1849, il visita dans une minutieuse tournée d’inspection son armée, cantonnée à Verceil, Novare, Casai, Alexandrie, Vigevano et Mortara ; il fut reçu partout avec enthousiasme. Le 31 janvier, il était de retour à Turin. Ce voyage avait également