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CHAPITRE PREMIER

de feutre gris où se tenait toute raide une plume blanche, de celles qui servent à écrire, qu’il avait sans doute placée lui-même pour en orner sa jolie tête pleine d’intelligence et de vivacité. On leur amena deux petits chevaux, ils grimpèrent dessus et firent un tour de promenade dans la grande allée. Le comte de Paris prit beaucoup de temps pour se mettre en selle ; quant au duc de Chartres, il semblait bouillir du plaisir de monter son cheval qu’il enjamba bien plus lestement que ne le fit son frère aîné, criant et faisant un tapage à tout rompre.

Le 4 décembre 1846 eut lieu chez M. Guizot un grand concert en l’honneur du bey de Tunis. Il y avait foule, au moins douze cents personnes. Le duc de Nemours y assistait, ainsi que le duc de Montpensier revenu d’Espagne. Les ambassadeurs seuls manquaient à cette fête ; lord Normanby, ambassadeur d’Angleterre, s’était excusé ; l’ambassadrice était à Londres. À ce moment les relations des deux gouvernements étaient très tendues au sujet des mariages espagnols. Le bey portait le grand cordon de la Légion d’honneur, tandis que les princes portaient le cordon de son ordre. Le prince tunisien se promenait dans les salons, saluant tout le monde avec affabilité et cherchant à se faire voir. Le fils du ministre, Guillaume Guizot, âgé de dix à onze ans,