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CHAPITRE NEUVIÈME

cèrement constitutionnel, l’armée et la grande propriété qui sont les seuls moyens d’action pour conquérir l’indépendance nationale lui étant tout dévoués, il importe de garantir son autorité contre les menaces des factieux. »

Loin de pactiser avec le parti républicain, dans une visite qu’il fit à M. de Bois-le-Comte, Gioberti offrit d’envoyer à Rome dix mille hommes de troupes piémontaises pour rétablir l’autorité temporelle du Pape. Il voulait par là empêcher une intervention espagnole qui était annoncée. C’était beaucoup s’avancer. Le cabinet Gioberti était trop compromis vis-à-vis du parti qui avait produit les événements de Rome, il était trop engagé par la question de l’indépendance italienne pour agir franchement contre ceux à qui cette question servait de prétexte pour faire réussir leurs projets révolutionnaires. Aussi ces ouvertures, désavouées sans doute par les autres membres du cabinet, n’eurent-elles aucune suite sérieuse. Cependant Gioberti cessa tout rapport avec le gouvernement romain et retira même de Rome le secrétaire qui y était resté pour les affaires de la Légation.

L’agitation de la Savoie prenait une extrême gravité. Des pétitions séparatistes rédigées à Chambéry se couvraient de signatures. La cause en était les