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MES SOUVENIRS

deux gouvernements et j’y adhère complètement. Lors même que j’espérerais terminer l’affaire du nord de l’Italie au profit de l’Italie par la guerre, je préférerais la terminer par la paix. Je crois qu’en ce moment on pourrait chasser Radetzki de la Lombardie ; je ne le dis qu’à vous, car si je le disais au conseil, il voudrait la guerre. Mais si nous revenions sur le Mincio les folies recommenceraient et nous serions exposés, même vainqueurs et peut-être parce que nous serions vainqueurs, à ne pouvoir organiser une administration dans le pays conquis. Si, au contraire, nous parvenions à obtenir les bases de la médiation par la paix, nous serions maîtres de la position, nous pourrions dominer les extravagants et les ambitieux et imposer l’ordre au nord de la péninsule. Le reste suivrait facilement. Voilà pourquoi je désirerais, non pas entraîner la France et l’Angleterre dans une guerre, mais persuader à la France et à l’Angleterre d’imposer la paix. Vous n’avez qu’un seul moyen de rendre la paix de l’Europe possible et durable. Dites : on ne se battra pas. Les énergumènes italiens n’attaqueront pas l’Autriche, mais l’Autriche doit comprendre qu’elle ne peut faire de l’Italie une seconde Pologne. On lui fait sa part : il faut qu’elle la prenne et qu’elle fasse le sacrifice de l’autre à la paix de l’Europe. La