Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.
172
MES SOUVENIRS

Il l’était réellement, car dans une lettre datée d’Alexandrie le 9 septembre 1848, il disait : « J’ai encore été assez souffrant depuis ma dernière lettre, et il m’en est resté une augmentation de ma maladie de foie assez sensible, mais pourtant je puis, grâce à Dieu, faire mes affaires. »

Toute sa conversation ne fut que la répétition d’une allocution qu’il avait récemment adressée aux Génois : « Nous n’avons point été battus, nous emportons même des trophées, tandis que les Autrichiens n’en ont pas. Tout le monde nous a abandonnés, le roi de Naples d’abord, puis le Pape dont l’influence nous a manqué au moment où nous y comptions le plus, les Modenais et les Lombards qui n’ont rien fait pendant quatre mois pour s’organiser et qui nous ont laissés sans munitions, sans vivres. L’armée réduite à ses propres forces, manquant de tout, n’a pu résister à des forces doubles. J’ai dû abandonner la partie pour ne pas tout compromettre et recourir à la générosité de la France. « 

Les critiques les plus graves étaient alors dirigées contre Charles-Albert. Au début des hostilités, l’armée sarde se composait de sept contingents de dix mille hommes chacun, dont trois sous les drapeaux, deux en congé et deux en réserve, formant une armée de soixante-dix mille hommes. Trente