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CHAPITRE SIXIÈME

dépêches furent pillés. Le duc de Gênes quitta les remparts pour rejoindre son père prisonnier au palais Greppi. Il traversa les rues, les places encombrées de la plus vile populace qui criait impudemment : À la trahison ! Il réussit cependant avec une peine infinie à fendre la foule et à arriver au palais Greppi où il parut au balcon. Il harangua le peuple, s’offrant en otage pour son père. Il y eut d’abord des applaudissements, puis les vociférations recommencèrent et le prince dut se retirer. Plusieurs généraux essayèrent également de parler ; le roi parut lui-même trois fois au balcon, mais sans succès. Le général comte de Robilant, aide du camp du roi, voyant des fusils braqués sur lui, s’avança en disant : « Eh bien ! tirez, si vous l’osez, sur ceux qui se battent pour vous depuis trois mois. »

Honteux, ces forcenés se calmèrent momentanément, mais ils ne tardèrent pas à recommencer leurs imprécations et leurs coups de fusil. Résigné à son sort, Charles-Albert attendait avec calme la fin de cette révolte. Son entourage cherchait une issue pour aller chercher des troupes. Malheureusement, le palais Greppi n’avait qu’une seule porte : le jardin était entouré de trois côtés par des maisons et du quatrième côté par un mur très élevé. Le marquis Scati surprit la garde populaire, chargée de veiller