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CHAPITRE SIXIÈME

cheval de Charles-Albert. Dans le premier moment, on me crut blessé, mais je dis de suite au roi qu’il n’en était rien. Étant myope, j’avais alors l’habitude de porter un lorgnon ; pendant toute cette bagarre, je le gardai continuellement dans mon œil et il s’y trouva si incrusté qu’il n’en tomba pas un instant, occupé que j’étais au spectacle d’un combat terrible pendant lequel j’entendais le sifflement des balles et le bruit des coups de canon tout autour de moi, musique infernale à laquelle je n’étais pas habitué.

Mon entretien avec le roi près de la Porta Romana dura environ une heure. Il fut convenu que je m’unirais au consul général d’Angleterre, M.  Campbell, pour la démarche à laquelle avait consenti Charles-Albert.

La situation était en effet totalement désespérée. Milan manquait de vivres et de munitions, et l’armée piémontaise se trouvait séparée de son grand parc d’artillerie qui avait dû se replier sur Plaisance.

Lorsque je revins à la Porta Romana avec M.  Campbell, accompagné du duc de Dino, le roi était rentré dans Milan au palais Greppi où était établi son quartier général. Nous dûmes attendre la décision d’un conseil de guerre qu’il y avait réuni. Le salut de la ville et de l’armée imposait une capitulation.

À cette nouvelle, la foule accourut au palais