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MES SOUVENIRS

Milan. Les Autrichiens attaquèrent le pont de Lodi, défendu par l’artillerie sarde qui, après le passage de l’armée, le fit sauter.

La guerre se rapprochait ainsi de Turin. Charles-Albert était arrivé le 3 août à Milan après une marche de nuit : il avait promis de défendre cette grande ville qui avait chassé quelques mois auparavant les Autrichiens et qui se voyait menacée d’une prise de vive force avec son cortège de représailles et d’excès commis à la suite d’un combat. Il y avait là des intérêts français en péril ; je quittai Turin et je vins m’établir au consulat général de France à Milan en l’absence du baron Denois, subitement appelé à Paris par le gouvernement.

La vue de mon uniforme fit naître, paraît-il, des espérances irréalisables, telles que l’entrée de l’armée des Alpes en Piémont. Je n’avais rien de semblable à annoncer à Charles-Albert, qui, apprenant ma présence à Milan, me fit demander. Il me rappela qu’il avait reçu dans notre armée les épaulettes de grenadier et qu’il avait appris à connaître le courage des soldats français : « Je suis à la veille d’un grand combat, me dit-il ; vous y assisterez peut-être demain. J’espère que Dieu protégera nos armes. »

Le but de mon voyage était de protéger plus efficacement mes compatriotes et de donner à une noble