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CHAPITRE SIXIÈME

habituel et son mépris du danger. Un de ses généraux lui dit : « Et si l’on faisait Votre Majesté prisonnière ? — Eh bien ! j’abdiquerais, voilà tout, » répondit-il. Résolution qui bien certainement n’eût pas sauvé la situation. Le soir de ce jour qui était un dimanche, le roi alla à la cathédrale de Crémone au cri mille fois répété de : Viva Carlo Alberto, nostro Re ! Spectacle touchant qui n’empêchait pas que le lendemain il faudrait abandonner ces fidèles populations au vainqueur.

Le lundi, 31 juillet, Charles-Albert arriva à Codogna avec l’intention de s’y arrêter pour reposer les troupes. Borromeo et d’autres membres de la Consulta y vinrent de Milan pour supplier le roi d’y accepter un pouvoir dictatorial, lui offrant tout le concours de cette grande ville et le conjurant de la protéger avec son armée. Les Autrichiens inquiétaient peu la retraite, ils se bornaient à tirer quelques coups de canon. Cependant, ils avaient eu à Volta une sanglante affaire avec la brigade de Savoie.

Le 1er août, sir Ralph Abercromby, ministre d’Angleterre, arriva au quartier général. Le roi le reçut et, après un entretien d’une heure, le ministre se rendit au camp autrichien pour tâcher d’obtenir une suspension d’hostilités. Il revint le lendemain avec une réponse négative. — Radetzki marchait sur