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MES SOUVENIRS

Une telle paix était inacceptable à ses yeux, sans avoir la main forcée par la France et l’Angleterre. Le 17 juillet, un chargé d’affaires du gouvernement romain venait donner à Charles-Albert l’assurance de l’entier concours des États pontificaux. — Mais depuis son départ de Rome, le Pape avait parlé en sens contraire, ce qui enlevait toute valeur aux paroles de cet émissaire.

Radetzki cherchait à gagner du temps, laissant le Piémont se diviser par les discussions de la presse et des partis et son armée se décourager dans l’inaction, tandis que, pendant ce temps, il recevait des renforts. Le général Perrone amenait bien des contingents lombards : c’étaient des jeunes gens paraissant de bonne volonté, mais sans aucune éducation militaire, sachant à peine tenir leurs fusils. Les critiques les plus vives étaient dirigées contre les généraux Bava et Salasco, accusés de l’inaction de l’armée, — accusation bien injuste du moins pour le second qui n’avait le droit de prendre aucune initiative. Il eût mieux valu pour lui se retirer que de porter le poids d’une pareille responsabilité. Le parti entreprenant aurait voulu qu’on profitât de la possession de Rivoli pour attaquer Vérone par la montagne et, de fait, tout eût mieux valu qu’une aussi énervante inaction.