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CHAPITRE CINQUIÈME

le désaccord était complet sur ce point. Les ministres génois Pareto et Ricci proposaient Milan comme siège du gouvernement avec un Parlement s’assemblant alternativement chaque année dans les deux villes. Le comte Balbo, président du conseil des ministres, était favorable au maintien pur et simple du gouvernement à Turin.

Le 14 juillet, Charles-Albert restait à cheval sous une pluie battante pendant treize heures, mais ce n’était pas pour marcher sur Venise, c’était pour conduire une reconnaissance jusque sous les murs de Mantoue. Du haut d’une maison il pouvait voir l’intérieur de la place à l’œil nu, les Autrichiens sur leurs bastions la mèche allumée. En face du danger le roi était dans son élément : c’était avec joie qu’il semblait braver la mort. Les Autrichiens, surpris à l’improviste, ne firent pas de sortie ; ils se bornèrent à fermer leurs portes et à tirer quelques coups de canon.

La politique extérieure du Piémont n’était que contradiction et confusion.

Suivant le ministre Pareto, la France et l’Angleterre auraient adressé au Piémont une note collective d’après laquelle, en cas de paix, le Piémont ne devait pas être rejeté au delà de l’Adige. Mais c’eût été l’abandon de la Vénétie. Pareto ne répondit pas.