Charles-Albert n’était d’ailleurs guère moins mesquine. À Mantoue, où il y avait énormément de malades, tout ce que possédaient les habitants était réquisitionné. On accusait le gouverneur de mettre en liberté les détenus pour occasionner des désordres dans les villages environnants.
Tandis qu’à Naples il se produisait des soulèvements pour proclamer Charles-Albert et qu’à Venise l’Assemblée votait à une immense majorité : cent vingt-sept voix contre trois, l’union immédiate avec la Sardaigne, il se formait à Modène un parti en faveur du duc, qui s’était retiré à Cattajo à la frontière de ses États. Les volontaires toscans envoyés à Brescia pour se réorganiser ne se décidaient pas à quitter cette ville, et les Suisses du Pape refusaient d’aller relever à Modène les troupes piémontaises qui devaient être envoyées à Venise, parce qu’ils avaient appris que le Pape les rappelait. On voyait le duc de Savoie passer une partie de ses soirées devant un café de Roverbella, faisant jouer la musique militaire et causant familièrement avec les officiers et les soldats qui l’entouraient. À Valeggio, le roi passait la revue des Toscans — ou du moins de ce qui restait après leur défaite de Curtatone, puisque les volontaires s’étaient retirés — troupe composée de beaux hommes, mais paresseux, igno-