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MES SOUVENIRS

Il écrivait le 8 juin : « Radetzki a passé l’Adige avec les débris de son armée (qui sont pourtant « encore une trentaine de mille hommes et soixante-dix bouches à feu), et je ne serais nullement étonné qu’il voulût nous donner un petit bonjour en passant ; d’autant plus qu’il a une dent contre Durando et Vicence qui l’ont déjà repoussé deux fois. »

Le feld-maréchal autrichien avait reçu des renforts et il était, cette fois, décidé à en finir. Le 10 juin, il se présenta devant Vicence avec quarante-cinq mille hommes et cent dix pièces de canon. Après un violent bombardement de douze heures, il fallut traiter. « J’ai rapporté de Vicence, comme souvenir, écrivit à un ami Massimo d’Azeglio, un bon coup de feu dans le genou droit, qui m’a fait beaucoup souffrir et qui me tiendra au régime des béquilles encore pour deux ou trois mois. »

Le 12 juin au soir, la nouvelle en arriva à Charles-Albert. Le général Durando, forcé de capituler, avait dû se retirer au delà du Pô et s’engager à ne plus combattre en Lombardie pendant trois mois. Les récriminations commencèrent. À Turin, on passa des illusions à l’abattement et au découragement le plus profond. On reprochait à Charles-Albert de ne pas avoir marché en avant après ses victoires