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CHAPITRE CINQUIÈME

Avignon, ils ont jeté le désordre dans cette ville. Si ces troupes indisciplinées parviennent en Italie, nous les recevrons fort mal, soyez-en certain. L’organisation de cette bande nous donne de l’inquiétude, car on la dit composée en grande partie d’émeutiers et de pillards, au nombre de deux mille environ. » Mais, dès que le sort des armes devenait défavorable, les Italiens réclamaient comme un droit le secours d’une armée française franchissant les Alpes et arrêtant les Autrichiens. Un ordre du jour de l’Assemblée constituante française, voté le 25 mai 1848, n’avait-il pas dit :

« L’assemblée invite la commission du pouvoir exécutif à prendre pour règle de sa conduite ce vœu unanime de l’Assemblée : « Affranchissement de l’Italie. »

Le gouvernement français, surtout après les journées de Juin, était bien loin de vouloir s’engager en de pareilles aventures. Il donnait au gouvernement piémontais des conseils de modération, attitude toujours ingrate et qui fait des ingrats. Les intérêts français n’étaient pas suffisamment ménagés. Je dus protester contre l’annexion au royaume de Sardaigne des villes de Rocquebrune et de Menton malgré le vœu de leurs habitants qui m’envoyaient des députés. Je fus obligé de m’opposer à ce que les Français qui