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MES SOUVENIRS

que la France mettait à la disposition du gouvernement milanais quatre-vingt mille fusils à tirer d’abord de la manufacture de Cette. M. Bastide alla plus loin encore ; il promit au cabinet sarde que l’armée des Alpes serait mise à la disposition de Charles-Albert dans le cas où ce secours deviendrait nécessaire pour la cause de l’indépendance italienne, l’Angleterre déclarant ne pas s’y opposer.

À Milan, le gouvernement provisoire passa une nuit en conseil pour discuter la grave question de l’union. On ne put aboutir.

Le parti de Mazzini s’agitait. Le 29 mai, la place publique avait été envahie par des étudiants dont le mécontentement avait été habilement exploité et utilisé par la foule. Une troupe de cinq cents hommes armés avait fait irruption dans le palais du gouvernement provisoire et avait traîné le président Casati sur son balcon pour le forcer à donner sa démission. Un nommé Urbino, chef des insurgés, prononça la déchéance du gouvernement provisoire. De tels excès, qui dépassaient de beaucoup les intentions des étudiants, les irritèrent : ils s’unirent à la garde nationale et au peuple pour chasser les émeutiers. En quelques heures, tout rentra dans le calme. Le président Casati traversa les rues de Milan, salué par les vives acclamations de la foule.