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la Mésène que par les fragments cités dans le Dictionnaire géographique d’Etienne de Byzance[1].

Il n’en est pas de même de l’autre ouvrage, qui, depuis la renaissance des lettres, n’a pas cessé d’être l’objet de l’attention des érudits, et qui, faute d’avoir été reporté à sa véritable date, n’a pas, jusqu’ici, donné tous les résultats qu’on était en droit d’en attendre : c’est le Périple de la mer Érythrée. On sait que, par la dénomination de mer Érythrée, les anciens désignaient la mer de l’Inde, y compris le golfe Persique et la mer Rouge. Quant au mot périple, c’est une expression grecque qui équivaut pour nous à circumnavigation. Nous pourrions la traduire aussi par description maritime et livre de bord.

L’auteur du livre est un capitaine de navire ou un agent de commerce, qui est censé partir d’Égypte, et qui, après avoir longé la côte occidentale de la mer Rouge et la côte orientale d’Afrique jusqu’au Zanguebar, terme des navigations romaines, revient sur ses pas et parcourt la côte orientale de la mer Rouge où les Romains avaient formé des établissements. Il franchit une seconde fois le détroit de Bab el-Mandeb, et, côtoyant l’Arabie méridionale, il entre dans le golfe Persique, puis arrive à Spasiné-Kharax et à Obollah. Après y avoir déposé et pris des ballots, il met à la voile dans la direction d’Hormuz ; il s’arrête successivement dans les ports du midi de la Perse ; ensuite il fait une pointe dans la vallée de l’Indus, après quoi, mettant le cap au sud, il visite les ports du Guzarate et du Malabar.

L’auteur du Périple n’est pas un savant de profession. Mais, tout en ayant pour objet principal les intérêts du commerce,

  1. Édit. de Leyde, 1694,p. 552 et 679. M. Charles Müller a recueilli tous les fragments connus d’Asinius Quadratus dans le t. III de ses Fragm. d’histor. gr. p. 659.