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Quant à Pandion, il me paraît être la dénomination sanscrite Pandya, qui désignait alors une population du midi de l’Inde, population qu’il ne faut pas confondre avec les Pandava, antagonistes des Corava[1].

Quoi qu’il en soit, voici ce qui résulte du récit comparé de Pline, Ptolémée et l’auteur du Périple : suivant Pline les deux principaux ports de la Limyrice étaient Muziris et Tindis. Mais le roi résidait dans une ville de l’intérieur, nommée Caroura. Quant au roi Pandion, sa capitale était la ville de Modoura, la Maduré actuelle, non loin de la côte du Coromandel. Le port de Nelcynda était d’un accès difficile ; comme il était situé dans l’intérieur des terres, sur les bords d’une rivière, les marchandises étaient débarquées à l’embouchure de la rivière, dans un endroit appelé Bacaré ou Baracé.

L’auteur du Périple donne une haute idée du mouvement qui régnait de son temps dans les ports de Muziris et de Nelcynda. C’était le rendez-vous des navires venus de la côte du Coromandel, de Ceylan, de la Malaisie et de la Chine, ainsi que des navires de la Perse et de l’empire romain. On y trouvait à la fois les produits de l’Orient et de l’Occident. L’un et l’autre port jouissaient des privilèges des ports réguliers. C’étaient, suivant l’expression du Périple, deux vrais centres d’affaires[2]. Les produits qui s’y amoncelaient se vendaient en partie sur place, et en partie à Barygaze.

Là se terminait la navigation romaine. L’auteur du Périple, avant de dire adieu à son lecteur, a cru, à la différence de Ptolémée, ne pouvoir se dispenser de dire quelques mots sur la mousson qui avait changé la face des navigations orientales. Il rappelle le nom d’Hippalus ; puis, se plaçant au même point

  1. Sur les Pandya, voyez le Harivansa, trad. par feu Langlois, t. I, p 153, t. II, p. 178 et 401.
  2. Al νῦν ῶράσσουσαι.