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rate, dans le voisinage, porta un grand coup au port de Barygaze. Cependant, au dix-septième siècle, il rappelait encore ce qu’il avait été au temps du Périple[1] ! Ce qui a presque achevé sa ruine, c’est le grand développement que le port de Rombay a pris entre les mains des Anglais.

L’auteur du Périple s’est, en général, borné aux choses qui intéressaient le commerce. S’il a fait une exception à la loi qu’il s’était imposée, c’est en faveur des pays qui rappelaient le grand nom d’Alexandre. C’est ainsi sans doute qu’il faut expliquer le silence qu’il a gardé au sujet de la vallée du Gange et du rôle que commençait alors à jouer l’empire de Canoge. Cet empire avait acquis une sorte de suprématie sur les autres principautés de l’Inde, et cette prééminence se maintint pendant presque tout le temps de la domination des rois sassanides en Perse[2].

L’auteur du Périple, ayant terminé les affaires qui l’avaient appelé à Barygaze, reprend sa course vers le midi et s’arrête au port de Muziris, dans la Limyrice. Au bout d’un certain nombre de jours, il se remet en mer et il arrive à Nelcynda ou Nelcanidon, dans les États d’un roi nommé Parution[3], lequel était maître de tout le midi de la presqu’île, jusqu’au cap Co-morin. Ce qu’il dit à ce sujet s’accorde en général avec ce que nous avait déjà appris Pline. On peut induire des deux récits que le nom du roi de la Limyrice, qui est appelé Celebrotha, ou, comme porte le Périple, Keprobothre, de même que le nom de Pandion, sont moins des noms d’individus que des noms de dynastie. Je ne suis pas en état de rétablir le mot Celebrotha.

  1. Voyez le Dictionnaire géographique de Bruzen de La Martinière.
  2. Voyez mon Mémoire sur l’Inde, p. 103.
  3. Page 295 de l’édition imprimée. Ptolémée décline le mot Pandion. Le texte grec, liv. VII, ch. I, n° 11 et 89, porte Πανδιόνος ϰώρα et Πανδιόνων Μεσόγειοι.