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à l’ouest[1], a placé mal à propos le golfe de Cambaye au midi du Penjab.

Voici une nouvelle traduction des passages du Périple qui me paraissent n’avoir pas été bien compris, ce qui avait fait perdre à l’auteur la plus grande partie de son autorité. « Immédiatement après Baracé (qui borne le golfe de Kutch au nord) commencent le golfe (la mer) de Barygaze et la côte de l’Ariaca ; là commencent aussi les États de Mambana et l’Inde entière (la contrée située au nord étant habitée par les étrangers et les hérétiques, et ne méritant pas d’être appelée du nom d’Inde). Dans le fond des terres et sur les limites de l’Indo-Scythie est l’Abhirie. Quant à la côte elle porte le nom de Syrastrène. C’est (dans la direction du sud au nord) une contrée fertile en blé, en riz, en huile, etc. Les hommes y sont d’une très-grande taille et d’un teint basané. La capitale de la contrée est Minnagara, et l’on exporte de cette ville à Barygaze beaucoup d’étoffes de coton. Il reste encore dans la contrée des traces du passage d’Alexandre, des chapelles, des vestiges de campements et des puits d’une circonférence extraordinaire[2]. »

Au lieu de tenir compte à l’auteur du Périple de la fausse orientation usitée de son temps, et de reconnaître ici le théâtre des exploits d’Alexandre, quelques savants ont mieux aimé y voir une marque d’ignorance, et ils ont dit que l’auteur du Périple avait confondu le Guzarate avec le Penjab[3]. La vérité est que tout ce qui a été dit par l’auteur se retrouve dans les descriptions de la partie inférieure de la vallée de l’Indus qui

  1. Pline, liv. VI, ch. XXIII.
  2. P. 289 et suiv. du texte, et p. CXLIV des Prolégomènes.
  3. Voyez, par exemple, les remarques peu bienveillantes du docteur Vincent. ( Voyage de Marque, p. £7 et suiv. de la traduction française. )