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rie, c’était le territoire situé dans l’intérieur des terres, dans la direction du sud-ouest au nord-est.

Ni Strabon, ni Pline ne font mention du port de Barygaze, qui, apparemment, à cause de la difficulté de son accès, était resté négligé. Ptolémée parle à la fois de Sourachtra et de Barygaze, preuve que, de son temps, ces deux villes se partageaient la faveur des navigateurs. Au temps du Périple tout est changé. Le port de Sourachtra, probablement à cause de son peu de profondeur, ne servait plus que pour le cabotage, et tout le mouvement s’était porté à Barygaze. Au temps du voyageur Hiouen-thsang, vers le milieu du VIIe siècle, Sourachtra était encore un chef-lieu de province. Maintenant l’on n’en connaît pas même la place.

La Syrastrène et l’Abhirie étaient primitivement une dépendance de la vaste contrée appelée Ariaca ou Larice, laquelle s’étendait au midi, jusqu’au royaume nommé Limyrice. Mais, d’après ce qu’on peut induire des témoignages réunis de Strabon, de Ptolémée[1] et du Périple, ces deux provinces furent successivement, au moins pour la plus grande partie, au pouvoir des rois grecs de la Bactriane, des Indo-Scythes et des réfugiés parthes. L’Inde, comme les autres pays, a été de tout temps sujette au changement et aux révolutions. Les écrivains indigènes font mention d’un roi du nom de Vïkramaditya, qui régnait un demi-siècle avant notre ère, dans l’intérieur des terres, dans une ville appelée par eux Oudjaiana, et par les Grecs et les Romains Ozene. Oudjaiana fut longtemps un centre littéraire très-actif, et c’est par là qu’encore à présent les Indiens font passer leur premier méridien. Elle était restée la capitale de la contrée du temps de Ptolémée[2] ;

  1. Géographie de Ptolémée, liv. VII, ch. I, no 63.
  2. Ibid. no 55 et suiv.