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ne paraît pas avoir duré longtemps. Quoi qu’il en soit, ce fait, qui n’avait pas été remarqué, servira peut-être à l’explication d’une certaine classe de médailles arsacides, qui portent à la fois des attributs persans et indiens[1].

Ce que j’ai à dire sur l’occupation de la vallée de l’Indus par les Indo-Scythes est renvoyé au mémoire sur l’empire romain. Ici je parle seulement des diverses parties de l’Inde dont il est fait mention dans le Périple, et je tâche de mettre en saillie ce que ce traité contient de plus que les autres traités grecs et latins.

Le chapitre de l’Inde, dans l’ouvrage de Strabon, est très-défectueux. Strabon l’a senti, car il commence ce chapitre par des plaintes sur l’ignorance ou le mauvais vouloir des voyageurs et sur l’impossibilité où il a été de se procurer des renseignements[2]. Au temps où Pline écrivait, il existait plus de ressources : aussi Pline a recueilli un grand nombre de noms de peuples et de lieux. Dans son orgueil, il s’écrie : « Quae omnia gentium portuumve aut oppidorum nomina apud neminem priorum reperiuntur[3]. » Mais la plupart des noms fournis par Pline sont altérés, et la place qui leur est assignée est tellement vague, qu’il est presque impossible de la reconnaître. Pline dit avoir fait usage de la carte d’Agrippa, qui avait été dressée dans le portique appelé de son nom ; mais, pour les pays étrangers à l’empire, qu’attendre d’une carte faite d’après le récit d’hommes peu éclairés en géographie et sans le secours d’observations géométriques et astronomiques ? Si la description de la vallée de l’Indus par les compagnons d’Alexandre s’est trouvée si exacte, c’est parce que ce grand homme s’était

  1. Voyez le Recueil des mémoires de James Prinsep, par M. Édouard Thomas, tome I, p. 402 et suiv. ainsi que l’Ariana antiqua, de Wilson, p. 336 et suivantes.
  2. Strabon, liv. XV, au commencement.
  3. Pline, liv. VI, ch. XXVI.