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se maintint [jusqu’au] temps de la dynastie des Han, qui régnèrent de l’an 221 de notre ère à l’an 263. Peut-on désirer un accord plus parfait ? L’illustre James Prinsep, qui inséra les extraits chinois dans le Journal de Calcutta, n’avait pas eu occasion d’étudier le Périple de la mer Érythrée ; mais il ne se méprit pas sur la portée du témoignage chinois, et, partant de l’idée que la première occupation de la vallée de l’Indus par les Scythes avait eu lieu l’an 26 avant J. C. il en conclut que cette occupation dura en tout 248 ans[1]. M. Vivien de Saint-Martin n’y a pas apporté la même attention. Bien qu’il relève, avec raison, l’importance du témoignage chinois, il en détruit toute l’autorité en plaçant avec Letronne la rédaction du Périple dans les dernières années du IIe siècle de notre ère[2]. En 1858, il a fait plus : dans un mémoire spécial sur la géographie de l’Inde[3], bien qu’il continue à insister sur l’importance du témoignage chinois, il oublie tout ce qu’il a dit, et il place avec M. Charles Müller la rédaction du Périple à l’an 80 de notre ère. Le terrain est déblayé ; nous allons aborder le texte grec, qui n’a, jusqu’ici, été compris de personne ; rapproché des témoignages chinois et persans, il va devenir éclatant de lumière[4].

L’écrivain grec dit que, de son temps, la vallée de l’Indus était au pouvoir de Parthes[5], sans cesse en guerre les uns avec les autres. En effet, il ne s’agit pas ici d’une conquête faite par les rois arsacides, conquête dont il n’existe de trace nulle part, mais d’une entreprise faite par des réfugiés et des hommes iso-

  1. Journal de la Société asiatique de Calcutta, mois de janvier 1837, p. 63.
  2. P. 49 du tirage à part.
  3. Recueil de mémoires présentés par divers savants et publiés par l’Académie des inscriptions, t. V, 2e partie, p. 387. (Voyez ci-devant, p. 233.)
  4. P. 287 et suiv.
  5. Ύϰὸ Πάρθων, et non pas, comme on l’a supposé, ὑπὸ τὣν Πάρθων, avec l’article.