l’Indus serait restée pour nous un mystère. Il faut savoir que la politique du gouvernement chinois a toujours été de se tenir au courant des intérêts des diverses populations barbares qui habitent auprès des frontières du Céleste Empire : c’est afin de les corrompre et de les opposer les unes aux autres. Ce n’est qu’à ce prix que l’empire chinois a pu se maintenir si longtemps. À peine les populations dont il s’agit ici eurent quitté leur pays, que le gouvernement les fit suivre par des personnes chargées d’observer leurs mouvements. Voilà pourquoi les annales chinoises sont si riches en renseignements géographiques et historiques sur des contrées fermées de tout temps aux nations de l’Europe. Deguignes, Abel Rémusat et Klaproth ont signalé cet important chapitre des chroniques chinoises. Les deux livres où les extraits sont les plus étendus sont le Journal de la Société asiatique de Calcutta, cahier de janvier 1837, et une dissertation publiée, en 1849, Par M. Vivien de Saint-Martin dans les Annales des voyages, sous le titre de Les Huns blancs ou Ephthalites[1].
Je ne pourrais point parler de la domination des rois scythes dans la vallée de l’Indus sans sortir du cadre qui m’est tracé. Je me bornerai à un seul fait ; mais ce fait est capital pour la question traitée ici, et à lui seul il suffirait pour prouver que le Périple de la mer Érythrée ne peut pas avoir d’autre date que celle que je lui ai assignée. J’ai dit que le Périple fut rédigé, ou du moins reçut sa dernière forme, l’an 246 ou 247 de notre ère, et que, lors de cette rédaction, les Scythes avaient été chassés par des guerriers parthes. Or les annales chinoises disent que la domination des Scythes dans la vallée de l’Indus
- ↑ Cahiers de juillet et août. Les extraits publiés par M. Vivien de Saint-Martin lui ont été fournis par M. Stanislas Julien. Quant aux extraits publiés dans le Journal de Calcutta, ils proviennent de M. Pauthier.