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chinoises et sanscrites sont mises en présence les unes des autres. Grâce à ces vocabulaires, M. Stanislas Julien, dans ses travaux sur la relation de Hiouen-thsang et d’autres écrits analogues, a heureusement rétabli les dénominations de ce genre, et par là il a rendu un service important aux deux littératures. Mais, en général, ses efforts ne pouvaient réussir que pour les mots insérés dans les vocabulaires polyglottes, ou pour ceux que les écrivains chinois ont accompagnés d’une traduction ou d’une explication quelconque. Pour les autres mots, et il en reste un grand nombre, il fallait chercher des renseignements ailleurs.

En 1845 et 1846, dans mon Mémoire sur l’Inde, je rétablis plusieurs de ces noms. J’en ai rétabli un certain nombre d’autres dans l’intervalle. Mais, ici, je ne puis parler que de ceux qui intéressent le Périple de la mer Érythrée.

Le nombre des noms de localités du Béloutchistan que cite Hiouen-thsang est de quatre ou cinq[1]. Je n’en ai point parlé dans mon Mémoire sur l’Inde, parce qu’il m’avait été impossible de les restituer. M. Stanislas Julien a été plus hardi ; mais, comme il n’apporte aucune preuve en faveur de ses restitutions, je continue à m’abstenir. Je ne fais exception que pour la dénomination chinoise que je crois répondre à Bahman-abâd. Je fais cette exception, parce que, depuis 1845, j’ai recueilli de nouvelles données à ce sujet, et, de plus, parce que, d’après l’ordre des questions traitées ici, je ne pouvais me dispenser de faire connaître mon opinion.

Le nom, la position et l’histoire de Bahman-abâd ont été pour la première fois établis dans mon Mémoire sur l’Inde. J’ajoute que Bahman-abâd se compose des deux mots persans abâd, lieu cultivé en général et ville, et bahman, homme de

  1. Histoire de la vie de Hiouen-thsang, p. 207, et suiv. et p. 465 ; Relation de voyage, t. II, p. 169 et suiv.