Page:Reinaud - Mémoire sur le Périple de la mer Érythrée.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soleil et celui de la déesse Nanéa ou Anaïtis, qui avaient aussi pénétré dans toute la vallée de l’Indus, on verra que les habitants de la Perse orientale tenaient à la fois à l’Inde et à la Perse. Au moment où Hiouen-thsang parcourut la vallée de l’Indus, vers l’an 640 de notre ère, on pratiquait dans les mêmes villes le zoroastrisme, le brahmanisme, le bouddhisme, etc.

Il s’agit maintenant de savoir quel était le roi de l’Inde qui, la plupart du temps, faisait sentir son autorité jusque sur le Béloutchistan. L’Inde est un vaste pays, et, morcelé comme il l’a presque toujours été, on ne peut pas se représenter des ordres partant des bords du Gange pour être mis à exécution dans le Béloutchistan. Le fait est que, chez les écrivains sanscrits, le Béloutchistan et la vallée de l’Indus elle-même ne sont pas censés appartenir à l’Inde proprement dite[1]. On verra bientôt que, d’après l’auteur du Périple, l’Inde proprement dite ne dépassait pas le Gange ni le golfe de Cambaye. Le roi dont il s’agit ne peut donc être cherché que dans la vallée de l’Indus. C’est, du reste, ce que dit positivement Hiouen-thsang.

Hérodote nous apprend que Darius, fils d’Hystaspe, fit la conquête de la vallée de l’Indus, et son témoignage est confirmé par les inscriptions cunéiformes gravées sous son règne[2]. Mais Hérodote a soin d’ajouter que les conquêtes de Darius ne s’avancèrent pas au delà de la vallée[3]. Les écrivains persans et arabes, qui sont venus plus tard, ne parlent pas de Darius, et attribuent la conquête de l’Inde à un roi nommé Gustasp.

  1. Voyez cependant Pline, livre VI, ch. XXIII.
  2. Mémoire de M. Rawlinson, dans le journal de la Société asiatique de Londres, t. X, p. 280 et 294 ; Oppert, Journal asiatique de Paris, cahier de février 1852, p. 141 et suiv.
  3. Liv. III, ch. CI, et liv. IV, ch. XLIV.