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appelé Leuce-Comé ou bourg blanc[1]. Le texte porte que de Leucé-Comé il y avait une route qui menait directement à la ville de Pétra, dont il a été parlé dans le mémoire précédent. Le vaste commerce de Pétra se faisait ordinairement à dos de chameau ; mais cette ville recevait aussi par mer et expédiait de même ses marchandises, et Leucé-Comé lui servait d’intermédiaire pour ses relations maritimes avec l’Arabie Heureuse, l’Abyssinie, l’Inde, etc. M. Müller pense, je crois, avec raison, que Leucé-Comé répond au lieu nommé par les Arabes Al-Haura. Mais je ne m’arrête pas là-dessus, et mon attention se porte uniquement sur deux circonstances mentionnées par le traité, à savoir que la ville de Pétra était alors sous les lois de Malicha, roi des Nabathéens, et que le gouvernement romain entretenait à Leucé-Comé un agent chargé de percevoir le montant du quart des marchandises, ainsi qu’un centurion et une compagnie de soldats[2].

En arabe malek signifie roi, et, de plus, il sert de nom propre. Précisément, au IIIe siècle de notre ère, l’histoire nous montre des personnages du nom de Malek chez les Arabes. S’agit-il ici d’un nom ou d’un titre ? Malheureusement les généalogies arabes ne nous apprennent rien de précis là-dessus. M. Müller fait observer, avec raison, qu’en l’an 80 le royaume de Pétra était encore debout, mais qu’il fut renversé quelques années plus tard par Trajan. Cependant rien n’empêche de croire que, sous le règne de l’empereur Philippe, le gouvernement romain se fût réservé, dans ces parages, la possession des places maritimes qui étaient les plus accessibles et

  1. Voyez à la page 272.
  2. J’adopte ici l’interprétation de Letronne de préférence à celle de M. Müller. (Voyez le Nouveau recueil des Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, tome IX, page 175.) L’opinion de Letronne avait déjà été émise par le docteur Vincent.