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mer a besoin de chercher, pour chaque nuit, un lieu de refuge, de peur d’être brisé contre les rochers ; il marche le jour, mais il s arrête la nuit. Cette mer, en effet, est brumeuse et sujette à des exhalaisons désagréables. On ne trouve rien de bon au fond de la mer ni à la surface[1]. »

Au temps de Pline le naturaliste, les navires romains n allaient pas même jusqu’à Myos-Hormos, et s’arrêtaient au midi, dans un port appelé Bérénice, et situé sous le tropique du Cancer, à peu près à la hauteur de Syène[2]. Une route particulière mettait ce port en communication avec la vallée du Nil. Pourquoi cette différence ? On sait qu’au troisième siècle de notre ère, des populations barbares du nom de Blémyes pressaient l’Égypte du côté du midi, et étaient toute sûreté aux caravanes[3]. Voilà probablement la cause du changement.

Maintenant un chemin de fer conduit d’Alexandrie au Caire, et du Caire à Suez. C’est de Suez que partent les bateaux à vapeur anglais et français qui exploitent les mers de l’Inde, de la Malaisie, de la Chine et du Japon. C’est à Suez que les gouvernements anglais et français ont fait construire leurs établissements. Cependant il a été question en Angleterre de continuer le chemin de fer du Caire, soit aux ruines de Myos-Hormos, soit à celles de Bérénice, tant il est vrai de dire que ce qui a existé conserve presque toujours sa raison d’être.

Le navire se dirige droit au sud. Sous Auguste, l’Abyssinie était sous les lois d’une femme qui résidait dans l’intérieur des terres, dans la région appelée l’île de Meroé. Au troisième

  1. Relations des voyages des Arabes et des Persans dans l’Inde et la Chine, t. I, p. 142.
  2. Voyez Pline le naturaliste, liv. VI, chap. xxvi.
  3. Voy. les Observations de Letronne, Recueil de l’Académie des inscriptions, tome IX, page 156, et tome X, pages 185 et suiv.