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par M. Charles Müller et accompagnée d’une traduction latine et de notes[1].

Le navire met à la voile d’un port égyptien situé sur la côte occidentale de la mer Rouge et appelé Myos-Hormos. La situation de ce port était à la hauteur des villes de Coptos et de Thèbes, et c’est par ces deux villes que les marchandises de l’Asie orientale descendaient le Nil jusqu’à Alexandrie ; c’est par les mêmes villes que les marchandises de l’Europe, remontant le Nil, arrivaient sur la côte de la mer Rouge. Une route dont on reconnaît encore la trace conduisait de la mer Rouge au Nil. Tout ce qui, en Égypte, tenait à la navigation des mers orientales, formait une administration particulière, confiée à la direction du fonctionnaire chargé du gouvernement de la hante Égypte[2]. Il n’y avait que les navires d’un faible tirant d’eau qui remontassent jusqu’à la ville actuelle de Suez.

Cet état de choses provenait des dangers qu’offre la navigation de la mer Rouge, du côté du nord, état de choses qui ne s’est amélioré que dans ces derniers temps, depuis l’application de la vapeur à la navigation. Voici ce que dit un écrivain arabe de la première moitié du dixième siècle de notre ère : « Les navires du golfe Persique qui entrent dans la mer Rouge s’arrêtent à Djedda. Ils n’osent pas s’avancer au delà, à cause des difficultés de la navigation et du grand nombre de rochers qui sortent de l’eau. Ajoutez à cela que, sur les côtes, il n’y a ni gouvernement ni lieux habités. Un navire qui vogue sur cette

  1. Indépendamment des diverses éditions du texte grec et de la version latine, il existe une version anglaise accompagnée d’un commentaire, par le docteur Vincent, sous le titre de The commerce and navigation of the ancients in the Indian ocean, Londres, 1807, in-4o.
  2. Voy. le Recueil des inscriptions grecques et latines de l’Égypte, par Letronne, t. II, p. 35 et suiv. et le mémoire sur la Mésène.