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celle du Tiamat babylonien opposé à Marduk. Au dragon du mythe primitif se substitua le principe du mal, qui doit livrer un combat terrible au principe du bien avant l’avènement du royaume de Dieu. Des traces de cette conception se trouvent dans Ézéchiel, dans Daniel, dans Baruch, dans l’Apocalypse. Il en est question dans la seconde Épître aux Thessaloniciens (2, 2-11) : « Le jour du Christ ne luira pas avant la venue de l’homme du péché, du fils de la perdition ; c’est seulement après sa ruine que viendra le temps du Seigneur. » Le bien une fois personnifié dans le Christ, le mal se personnifia dans l’Antichrist. « Car plusieurs viendront en mon nom, dit Jésus, prétendant être le Christ, et ils séduiront beaucoup de gens. Vous entendrez des guerres et des bruits de guerres ; prenez garde de ne pas vous troubler, car il faut que ces choses arrivent ; mais ce ne sera pas encore la fin... Tout cela ne sera qu’un commencement de douleurs... Et plusieurs faux prophètes s’élèveront... et il y aura une grande affliction, telle que depuis le commencement du monde il n’y en a point eu... Alors le signe du Fils de l’homme paraîtra dans le ciel ; alors aussi toutes les tribus de la terre se lamenteront en se frappant la poitrine et elles verront le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel, avec une grande puissance et une grande gloire. » (Mt., 24.)

69. Ces lignes terribles portèrent des fruits d’épouvante. De Néron jusqu’à M. Combes, il n’y a pas un adversaire de l’Église qui n’ait été assimilé à l’Antichrist, dont l’apparition inaugurera l’ère des catastrophes. Luther vit l’Antichrist dans le pape de