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la légèreté de Justin : l’inscription en question a été retrouvée et porte une dédicace à Semo Sancus, vieux dieu romain qu’un rhéteur comme Justin devait ,. connaître. Mais qui était ce Simon, dont le culte divin est attesté à Samarie ? Un nouveau Messie, un concurrent de Jésus ? La question reste ouverte. L’école de Tubingue, au XIXe siècle, a beaucoup insisté sur les traditions relatives à la rivalité de Pierre et de Simon ; elle a pensé que Simon représentait saint Paul et en a conclu, avec quelque exagération, que la rivalité des deux apôtres était allée jusqu’à la haine la plus féroce. Il suffisait de la haine théologique, que les épîtres de Paul laissent assez voir. Non seulement le groupe des judaïsants de Jérusalem organisa contre lui une sorte de mission, mais on fit circuler sous son nom des lettres fausses (II Thess., 2, 2). Aussi Paul qualifie-t-il ses adversaires de menteurs, de chiens, de suppôts du diable et de faussaires. Ces passages sont à noter à la fin d’un chapitre où, examinant les livres sacrés de l’Église, nous avons presque partout rencontré des faux.

68. J’aurais encore à traiter beaucoup de questions connexes aux précédentes, les premières Apologies adressées par des chrétiens aux empereurs païens, les Actes des martyrs, authentiques en très petit nombre, les « Constitutions » apostoliques ; mais ce serait empiéter sur le domaine de l’histoire littéraire. Je terminerai par quelques mots sur l’Antéchrist (plus correctement Antichrist, c’est-à-dire l’ennemi opposé au Christ). Ce nom célèbre paraît tout d’abord dans les lettres de Jean, mais l’idée en est beaucoup plus ancienne, étant